Des casiers où les SDF peuvent se délester de leurs affaires sont disponibles depuis ce mardi 11 octobre à l’accueil de jour Zuekin. Une première sur le BAB et un véritable soulagement pour ceux qui sont à la rue
Désormais, les SDF de Biarritz qui fréquentent l’accueil de jour Zuekin n’auront plus à trimballer en permanence tout leur barda. Ils pourront s’en délester dans les 12 nouveaux casiers verrouillés prévus pour eux dans la cour, aux heures d’ouverture. Ils sont opérationnels depuis ce mardi 11 octobre 2022. Une première sur le BAB. C’est la réponse à un besoin identifié de longue date par les bénévoles et travailleurs sociaux de la structure gérée par Atherbea. Le test, s’il est concluant, est amené à être dupliqué.
L’initiative émane de six étudiants éducateurs spécialisés d’Etcharry à Ustaritz Pour le concrétiser, ils ont surmonté des écueils juridiques et financiers, de sécurité, de conception, de fonctionnement pour imaginer ces casiers comme un outil d’insertion plus que comme un « simple garde-meuble ». Ils ont frappé aux portes d’une centaine de commerçants et entreprises. Avec un don de 2000 euros, la société Cocoreco a financé une grosse partie des 2 750 euros nécessaires (1).
« C’est sûr, ça va aider, dit-il. Bon, le mieux pour poser ses affaires c’est quand même un appartement hein… »
Lahcène observe avec intérêt. Il y voit une petite respiration dans son quotidien à la rue. « C’est un bon truc, estime le jeune homme. Je n’ai pas beaucoup de choses, du linge et puis surtout mes papiers mais je ne les laisse jamais. Impossible ! Je garde tout le temps tout avec moi. Là, je vais être plus tranquille. » Derrière sa barbe blanche, Francis salue aussi l’initiative. « C’est sûr, ça va aider, dit-il. Bon, le mieux pour poser ses affaires c’est quand même un appartement hein… ». Un autre bénéficiaire, inspecte les portes : « C’est vraiment solide, solide ? Vous êtes sûrs ? »
« Stockage soulagement »
« C’est du stockage soulagement », explique Margaux l’une des étudiantes. Elle fait son stage de 2e année à Zuekin et va pouvoir assurer « le service après-vente ». Si le poids des sacs à porter en permanence pèse sur les organismes, il est un frein au quotidien. « Il faut trouver où cacher ses affaires, les protéger des vols et de la pluie, dormir dessus la nuit, décrit-elle. Porter un gros sac à dos vous identifie aussi tout de suite comme SDF. C’est stigmatisant. »
Les futurs éducateurs ont sondé une soixantaine de lieux qui ont des casiers de ce type. Tous fonctionnent différemment. À Zuekin, les bénéficiaires passeront un contrat pour les utiliser. Interdit par exemple de déposer des aliments et, bien sûr, des stupéfiants. Les travailleurs sociaux conserveront les clés et assureront la gestion. En cas de doute, ils pourront ouvrir.
Huit casiers sont mis à disposition par tranches d’un mois, les autres à la journée. « On veut que ce soit un outil d’insertion qui permette un suivi, décrypte Margaux. Lorsque vous devez faire des démarches administratives ou aller à Pôle emploi par exemple, c’est mieux de pouvoir s’y rendre sans ses affaires. » En fonction des besoins, le fonctionnement pourra être adapté.
(1) Les étudiants ont récolté près de 4 000 euros de dons. L’argent restant a été reversé à La Table du soir, à la Croix-Rouge et à Zuekin.
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Margaux, Amaia, Nadège, Valentine, Clara et Baptiste inaugurent les casiers de Zuekin.
Les six élèves éducateurs ont fait un gros travail pour mener à bien le projet.© Crédit photo : Émilie Drouinaud/SUD OUESTPar Raphaëlle Gourin