Contexte
L’habiter est à la croisée des effets du dispositif institutionnel et du ressenti subjectif de la personne. Il renvoie aussi à nos conceptions culturelles du domicile. Enfin, il permet de mesurer le paradoxe d’un lien social conjuguant la protection de la personne et son possible assujettissement. Dans le cadre du travail social, nous sommes souvent confrontés à des approches plus traditionnelles qui consistent à recevoir les usagers au sein même de l’institution, dans un milieu aseptisé et étranger à leurs conditions de vie matérielles et sociales. La relation d’aide semble souvent enfermée dans une bulle, à mille lieues de la réalité de l’usager. Prendre en considération l’environnement immédiat suppose de déplacer le cadre traditionnel de l’intervention, de le sortir des limites des officines des institutions pour le transposer dans le milieu de vie des personnes concernées. Ce mouvement suppose une modification profonde de l’amorce de la relation d’aide. Il attend du travailleur social qu’il puisse se décentrer pour pénétrer dans ce qui fait la vie de l’usager et qu’il accepte de s’en laisser imprégner. Il s’agit de dépasser nos impressions premières, d’aller au-delà des critères subjectifs qui fondent notre système de valeurs déterminant le beau et le laid, le confortable et le rudimentaire, l’acceptable et le critiquable.