Contexte
Que faisons-nous pour les adolescents placés ? Pourquoi avons-nous le sentiment de ne pas faire assez ? Un sentiment d’impuissance, d’insuffisance ? La crise sanitaire que nous avons traversée, eux aussi l’ont traversée. Lors du premier confinement, en Protection de l’Enfance,
nous sommes restés dans une invisibilité troublante. Lorsque l’ensemble des activités ont été à l’arrêt, les maisons d’enfants se sont organisées pour poursuivre « quoiqu’il en coûte » l’accompagnement des enfants et des adolescents confiés. La crise est venue mettre encore plus en tension un système que certains décrivent à bout de souffle.
Les adolescents sont-ils les symptômes de l’échec de la Protection de l’Enfance ? A grands bruits, pour ces adolescents appelés hier incasables, patates chaudes, anomiques, états limites, aujourd’hui cas complexes ou à difficultés multiples.
Ne sont-ils pas, comme le suggère M. Berger, le produit des décisions prises au nom d’une idéologie familialiste ? Sont-ils des adolescents « mutants » au fonctionnement psychique dit « en circuit court » comme nous le propose JP Gaillard ? Pour la majorité discrète de ces
jeunes gens, comment faire pour que les trajectoires en protection de l’enfance ne deviennent pas des véritables parcours du combattant ?
Seulement 6% d’entre eux peuvent aujourd’hui entreprendre des études supérieures. Les échéances, 18 et 21 ans, jouent certainement un rôle
très contraignant, l’adolescence ne peut prendre son temps… 25% des personnes sans domicile fixe ont un parcours « ASE ». Comment faire pour résoudre la question de l’inégalité des chances des enfants placés ?
Nous devons regarder les choses en face et cependant notre secteur n’a jamais cessé d’innover tant sur les questions cliniques qu’au niveau de la diversification des dispositifs (accueil de jour, PAD, mini- collectifs, diffus…). Notre secteur a également fait des avancées significatives dans la prise en compte des familles, du soutien à la parentalité et dans la
manière d’associer les jeunes et leur famille à l’élaboration et au suivi du projet.
Ce qui est interrogé, encore (et toujours), ce sont les nœuds aux articulations intersectorielles (sanitaire, social, médico-social, justice) et les difficultés récurrentes dans les stratégies de collaboration. Mais est-il possible de faire l’impasse sur la problématique des moyens ?
Les adolescents aujourd’hui nous confrontent-ils à de nouvelles questions, sont-ils différents ou est-ce les modifications sociétales qui les impactent ?
Une journée de plus sur les adolescents difficiles, vous direz-vous ? L’Association Nationale des Maisons d’Enfants à Caractère Social veut proposer cette Journée d’Etude Régionale en réponse aux solutions trop hâtives, aux raccourcis idéologiques trop faciles, et reposer les termes des paradoxes qui étreignent notre secteur et surtout faire la part belle à l’engagement et la créativité de nos équipes.